*Un article de Boris Pietrzak, Géomaticien chez RESILIENCY_ filiale du Groupe Deveryware
Article en anglais disponible ICI
Catastrophes naturelles, accidents technologiques … la question des risques environnementaux comme industriels est une problématique plus que d’actualité pour les collectivités ainsi que pour les entreprises. Afin d’y faire face, de nombreuses structures investissent dans des moyens modernes afin de prévenir les risques.
La géomatique en fait partie. Et pourtant, ce terme très peu connu du grand public représente une réelle avancée dans le domaine de la prévention des risques.
Qu’est-ce que la géomatique ?
Un mot fourre-tout ou un néologisme comme on en voit souvent apparaître pour décrire des effets de mode aussi furtifs qu’anecdotiques ?
Bien loin de son étymologie assez simple (combinaison des mots « géographe » et « informaticien »), ce terme décrit le traitement des données géographiques dans le but de les représenter sur une carte dynamique avec une symbologie adaptée, et ce à l’aide d’outils informatiques comme des logiciels, ou encore des bases de données relationnelles.

*mesure_population.png : Outil de calcul automatique de la population sur les carreaux de 200m par 200m du dernier recensement de population.
Source : INSEE – IGN

*relief_vigicrue.png : Courbes de niveau ainsi que niveau d’eau en temps-réel via les capteurs vigicrue.
Source : Vigicrue – IGN
Ce qui peut paraître au premier abord complexe a en réalité un objectif très simple : assurer le suivi de la sécurité des personnes face à un risque, naturel ou technologique. En effet, en fonction de l’usage, on peut transposer la géomatique à plusieurs domaines différents :
- prévention (planification, identification des aléas et des enjeux)
- aménagement, réponse opérationnelle (caractérisation d’un espace)
- gestion post-crise (optimisation de la continuité d’activité, retour d’expérience cartographique).
Pour exemple, si tout le monde se souvient du tremblement de terre en Haïti de 2010, d’aucuns connaissent le rôle de la géomatique dans l’organisation des secours.
Lors de ce séisme et afin de faciliter la tâche des secours, la communauté géomatique mondiale avait utilisé des images satellite post-tremblement pour les comparer aux cartes d’origine (d’avant le tremblement) et obtenir plus rapidement une visibilité sur les zones effondrées et les routes encore en état.
CAIAC, vers une géomatique accessible
Au sein de RESILIENCY, nous avons créé en collaboration avec CS Group, notre partenaire certifié PASSI (Prestataire d’Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information), la plateforme CAIAC indispensable à la gestion de projet.
CAIAC est une cartographie 100 % en ligne compatible avec la plupart des formats géographiques. Elle permet à l’utilisateur de planifier et d’anticiper ses enjeux, ainsi que de gérer les crises.
Elle possède plus de 400 couches d’informations sur toute la France, dont 15% en temps réel. Disposant d’un moteur 3D, elle est 100% paramétrable et annotable.
Il est aussi possible de créer ses espaces thématiques personnalisés grâce à une présélection de couches. L’objectif étant de centraliser et trier l’information afin d’optimiser la décision et permettre la continuité d’activité.
Pour donner un exemple plus concret, pendant la crise du Covid-19, la géomatique a permis à RESILIENCY de réaliser et diffuser des relevés mis à jour de la situation sanitaire nationale en temps réel :
- Quotidiennement pour le bilan des personnes hospitalisés, réanimées, décédées et guéries par département
- Et de manière hebdomadaire pour le taux de saturation des hôpitaux, les communes ayant un couvre-feu, etc.
La géomatique, une affaire publique ?
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la géomatique ne concerne pas que la sphère publique. Tout secteur d’activité peut faire appel à un géomaticien, que ce soit dans le privé (logistique, exploitation minière ou encore agro-alimentaire) ou dans le public pour les cellules de crise, marketing, ou pour la prospection.
D’ailleurs, notre plateforme CAIAC s’adresse indifféremment aux grands opérateurs de réseaux et groupes du CAC 40 comme aux collectivités territoriales et aux sapeurs-pompiers, c’est-à-dire à toutes les entités qui sont amenées à gérer un territoire ou des infrastructures sur un territoire.
Nous envisageons même d’implanter CAIAC dans les ministères au niveau national. Le MTES (Ministère de la Transition Ecologique) fait d’ailleurs déjà partie de nos clients.
CAIAC, un exemple de réussite
CAIAC a déjà été utilisé de nombreuses fois en réponse à des situations de crise (catastrophes naturelles et incidents techniques) par les agents du service public comme par les services de secours ou les opérateurs privés.
On peut d’ailleurs énumérer quelques situations au cours desquels CAIAC a été déployé :
Feux de forêt
Lors des épisodes estivaux des feux de forêt, que ce soit en Corse ou dans le sud de la France, nous pouvons suivre en temps quasi-réel l’évolution de l’étendue des surfaces brûlées grâce aux capteurs de la NASA et de Copernicus :
Les points chauds et les surfaces brûlées sont détectés par capteur satellite radar toutes les 1h30 et représentés sur la carte.
Ces données croisées avec la localisation des brigades de pompiers ainsi que le carroyage DFCI (maillage géographique utilisé en France par les acteurs de la Défense des Forêts Contre les Incendies) des feux de forêt permettent d’établir rapidement des points de situation..
Lubrizol (site Seveso Rouen – 2019)
Lors de l’incident du site de Lubrizol, nous avons utilisé CAIAC couplé à nos articles de veille géolocalisés pour mettre en surbrillance toutes les communes confinées ou ayant pris un arrêté spécifique.
Nous avons également pu faire une estimation de la population impactée dans un périmètre de 500 mètres grâce à notre outil de calcul de sur la population résidente.
Crue de la Seine de janvier 2018
Lors de la crue de Seine de janvier 2018, l’ERCC (Le Centre de coordination de la réaction d’urgence Européen) publiait via Copernicus plusieurs fois par jour des cartes avec l’étendue des zones inondées.
Nous les avons récupérées puis intégrées sur CAIAC de manière quotidienne pour nos clients et nous avons pu comparer les modèles théoriques d’inondation aux zones réellement sous l’eau pour connaître l’ampleur de la crue sur l’échelle de référence (1910).
Aujourd’hui, nous travaillons sur une version améliorée de CAIAC qui prendra très prochainement en compte :
- le calcul d’itinéraires routiers
- des modèles de simulation
- une meilleure résolution du moteur 3D.
*trafic_webcam.png : Trafic routier et caméras routières en temps réel, ainsi que les cours d’eau.
Source : V-trafic, APRR, SANDRE
Rendez-vous sur le site RESILIENCY pour en savoir plus sur CAIAC
Auteur

En qualité de géomaticien, sa mission est, d’enrichir en données géographiques la plateforme CAIAC (outil cartographique pour la gestion de crise) ainsi que de gérer le projet dans sa globalité.
Boris assure également la gestion technique de tous les outils et services numériques de Resiliency : les écosystèmes numériques ou encore la main courante SAGA Crisis.