Pourquoi les deux normes sont nécessaires

Objectifs communs des deux normes techniques

Partout dans le monde, les gens s’attendent à pouvoir contacter les services d’urgence avec les technologies qu’ils utilisent pour communiquer au quotidien. Ainsi, les Européens ont des attentes claires quant à la disponibilité des services d’urgence du 112, dont les capacités améliorées sont les mêmes que celles des technologies utilisées dans la vie quotidienne.

Toutefois, l’infrastructure existante des services d’urgence (téléphonie à commutation de circuits pour les appels téléphoniques du 112, et non pour les données) n’est pas conçue de manière à permettre l’interaction avec des services améliorés, de sorte que les besoins actuels et futurs en matière de communication et de fonctionnement ne peuvent être satisfaits.

Pour plusieurs raisons, l’infrastructure des services d’urgence n’a pas suivi le rythme de la technologie et n’est donc pas en mesure de fournir le niveau de service que le public attend. C’est pourquoi de nouvelles technologies avec de nouvelles architectures sont nécessaires pour permettre aux gens de contacter les services d’urgence de différentes manières, en utilisant les mêmes types de technologies que celles qu’ils utilisent pour communiquer au quotidien.

Cela permet également aux PSAPs  112 (Centres de Prise d’Appels pour la Sécurité du Public) de recevoir plus d’informations et de meilleure qualité pour les urgences, quelle qu’en soit l’ampleur, et améliore l’interopérabilité entre les services d’urgence. En conséquence, les délais d’intervention et les coûts d’exploitation sont réduits, tandis que l’efficacité des interventions augmente considérablement.

Il existe certaines différences entre les approches techniques du NG112 et de PEMEA, mais les deux tentent de répondre à trois objectifs majeurs :

1. La communication entre le public et les services d’urgence

Les deux normes définissent des cadres de communication fiables et sûrs, qui sont conçus pour permettre aux personnes de joindre une autorité (par exemple, un PSAP) par des appels utilisant la voix, la messagerie textuelle, le texte en temps réel, les images et la vidéo.
Les deux normes fournissent également aux services d’urgence davantage de données, telles que géolocalisation et données détaillées sur les utilisateurs.
Ils permettent la transmission d’appels, de messages et de données au PSAP approprié ainsi qu’à d’autres entités d’urgence, et apportent une valeur ajoutée significative au processus de traitement des appels.

2. Une approche des normes ouvertes

Les deux normes sont basées sur des interfaces standard entre les composants de communication, basées sur le réseau IP (Internet Protocol).

3. Basées sur les exigences des autorités de l’UE

Les deux normes sont des principes techniques sous-jacents, qui sont étroitement alignés sur les exigences des PSAPs, notamment en matière de protection des données personnelles.

 

Raison d’être de la norme NG112

La norme NG112 est un cadre de communication défini par l’ETSI (TS 103.479) conçu pour faire évoluer les systèmes d’urgence du 112, afin qu’ils puissent se connecter aux fournisseurs de services de communication « tout IP » et remplacer les capacités traditionnelles d’appel téléphonique vocal bidirectionnel par des capacités multimédias complètes.

L’idée du NG112 est d’offrir aux fournisseurs de services de communication (principalement les opérateurs de téléphonie réglementés) et aux PSAPs une norme fiable basée sur SIP*, qui spécifie la manière dont les fournisseurs de services de communication doivent adapter leurs solutions pour se connecter aux PSAPs et comment les PSAP peuvent gérer cette communication dans leurs réseaux.

Cette solution est conçue pour remplacer les services de téléphonie traditionnels utilisant l’IP comme couche réseau :

Elle imite la communication téléphonique, en utilisant une approche de service de connexion directe, avec une définition claire par l’appelant de ce que la communication doit être : audio, vidéo, messagerie, etc.

Si les fournisseurs de services de communication ne sont pas basés sur le protocole SIP natif, la norme NG112 suggère l’utilisation de « passerelles de conversion » de ses protocoles originaux vers le protocole SIP, avant d’être présentées au réseau PSAP. En ce sens, la norme NG112 décrit déjà aujourd’hui une Passerelle PSAP Legacy (LPG) pour « convertir » les appels de téléphonie traditionnelles en appels IP basés sur SIP.

*SIP pour Session Initiation Protocol est un protocole de signalisation utilisé pour lancer, maintenir et terminer des sessions en temps réel qui incluent des applications vocales, vidéo et de messagerie.

Raison d’être de la norme PEMEA

PEMEA (« Application mobile d’urgence paneuropéenne ») est un cadre de communication défini par l’ETSI (TS 103_478) conçu pour permettre la communication multimédia entre les applications de communication Internet (mobiles, tablettes, natives, applications basées sur un navigateur) et les systèmes d’urgence 112 – PSAP, afin que ces applications puissent fonctionner dans toute l’Europe.

L’idée de PEMEA est d’offrir à ces fournisseurs d’applications et aux PSAPs une norme fiable basée sur les protocoles classiques du web (par exemple HTTP), comme alternative au cadre de communication basé sur SIP défini par la norme NG112.

L’approche de PEMEA est d’offrir aux fournisseurs d’applications et aux PSAPs des procédures qui leur permettent de partager leurs « capacités de communication » et de les négocier avant d’établir le canal de communication. En fonction des capacités de communication partagées, un ou plusieurs canaux de communication peuvent être utilisés pour établir la communication entre les citoyens utilisant l’application et la personne qui prend l’appel au PSAP.

En résumé, lorsque les fournisseurs de services de communication n’utilisent pas le SIP, PEMEA présente plusieurs autres alternatives de communication, qui s’adaptent aussi facilement aux capacités du PSAP.

 

2 normes nécessaires pour 1 mission complémentaire

La conception de NG112 est conforme aux plans de la majeure partie des opérateurs de réseaux publics, qui prévoient d’offrir des communications basées sur SIP pour les réseaux de prochaine génération (4G, 5G, etc.).  Elle définit également des passerelles qui permettent aux anciens réseaux de téléphonie à commutation de circuits de fournir des appels basés sur SIP aux PSAPs.

La spécification technique de NG112 n’est pas totalement alignée sur les fournisseurs d’applications Internet qui n’utilisent pas de communications basées sur SIP. La spécification de NG112 suggère que ces fournisseurs doivent adapter leurs solutions pour communiquer avec les PSAPs en utilisant des « passerelles de conversion » qui convertissent les messages de leurs protocoles d’origine en SIP, avant de les présenter au réseau PSAP.

La spécification NG112 leur demande également d’utiliser l’approche du « service de connexion directe », qui exige une définition claire par l’entité appelante de ce que doit être la communication (vidéo, audio, messagerie, etc.) avant d’établir la communication. Cette approche est souvent incompatible avec d’autres mécanismes qui opèrent sur les décisions de service du destinataire.

Lorsque pour les appels d’urgence la voie de migration vers SIP est difficile à mettre en place pour les fournisseurs d’applications, ceux-ci sont moins enclins à fournir une connectivité aux PSAPs. Ces difficultés peuvent être dues à des différences de sémantique de protocole, d’effort, d’investissement ou de qualité.

PEMEA est idéal pour éviter cet obstacle potentiel et faciliter la communication par les procédures de communication les plus habituelles basées sur le web de manière sécurisée et contrôlée… Avec des technologies comme le Web-RTC pour la vidéo et l’audio, la messagerie instantanée basée sur le protocole https, les systèmes de partage de fichiers basés sur le protocole sftp ou https.

La mise en œuvre de NG112 et PEMEA permet aux PSAPs de fournir le meilleur service au public. Le fait de disposer des deux solutions permet de créer des services multimédias partagés et évolutifs, en accord avec les réseaux des opérateurs de téléphonie et les approches de communication des fournisseurs d’applications Internet.

Cette approche généralise toutes les formes de communication, répondant aux besoins du public, notamment ceux des personnes itinérantes à travers l’Europe utilisant différentes langues et des communautés telles que celle des sourds et des malentendants.

 

Conception de l’interopérabilité entre les normes

Connaissant la mission complémentaire des deux normes, il est important de favoriser l’interopérabilité entre les solutions de réseau PEMEA et NG112, afin que toutes les applications de communication quotidiennes utilisées par le public puissent accéder aux services d’urgence de manière homogène pour les appelants du PSAP.

Un Work item a été ouvert au sein de l’ETSI pour faciliter l’interopérabilité et le partage des ressources entre les entités PEMEA et NG112.

Les solutions ESInet et PEMEA doivent être capables de réutiliser les éléments clés du réseau pour garantir des résultats cohérents pour le public et les organismes d’urgence, en éliminant la duplication et en soutenant les deux mécanismes de prestation de services permettant un accès global aux services d’urgence.

Le Work item se concentre, entre autres, sur les sujets suivants :

  • Comment la signalisation PEMEA peut contribuer à acheminer les appels SIP vers le BCF approprié (par exemple dans des conditions d’itinérance) _ BCF : Fonction de contrôle des frontières – en charge de la sécurité de l’accès au réseau d’urgence.
  • Comment PEMEA pourrait interroger l’ECRF (fonction de routage des appels d’urgence – entité qui maintient des mappages de limites de localisation à service pour fournir des URI de destination) et utiliser le protocole LoST afin que PEMEA puisse router vers le même point que les appels SIP routés
  • Comment les réseaux ESRP (Emergency Services Routing Proxy – utilise les informations de localisation pour interroger l’ECRF afin d’obtenir l’adresse PSAP de destination pour un message SIP) et PEMEA peuvent partager les informations concernant les règles de routage
  • Comment la signalisation PEMEA peut être utilisée pour établir des canaux de trafic de médias vers les serveurs de médias appropriés.

 

AUTEURS

Bertrand Casse occupe la fonction de Directeur Opérationnel de la gamme produit et services GHALE et s’occupe également de la conformité de cette plateforme à la norme PEMEA.

Il a été impliqué comme membre du Comité Opérationnel de l’EENA (European Emergency Number Association) en tant que Vice Chair sur des questions opérationnelles et techniques liées aux services d’urgence.

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James Winterbottom est l’architecte en chef et chef de produit de la suite de produits GHALE de Deveryware.

Considéré par certains comme le «père de PEMEA», James Winterbottom possède une vaste expérience dans le développement de protocoles, les plateformes de localisation et les déploiements de systèmes à utiliser dans les communications d’urgence.

En tant que technologue disruptif, James s’engage à offrir des services WEB-112 garantissant des solutions d’urgence fiables et rentables répondant aux besoins des générations actuelles et futures qui utilisent les communications basées sur les applications.

Javier Cabas est le directeur du développement commercial de la suite de produits GHALE de Deveryware. Il possède une vaste expérience dans le marché des télécommunications et dans la conception et la fourniture de solutions d’urgence comme Enhanced 112 et Public Warning system.

Javier Cabas est expert en géolocalisation mobile et possède une grande expérience dans la gestion de projets complexes pour les multinationales. 

Depuis 2 ans, il s’implique activement pour que les fonctionnalités du produit GHALE répondent aux attentes du client. Il apporte son énergie et sa vision pour accompagner le déploiement de PEMEA.